Des journalistes de tous bords réagissent, la démocratie en danger !
Une information malade c'est une démocratie en danger. Parce qu'une presse
libre et pluraliste constitue un des piliers fondamentaux de la démocratie,
les syndicats de journalistes ont décidé d'unir leurs forces pour défendre
son indépendance vis-à-vis de tous les pouvoirs.
Depuis des mois, les
syndicats dénoncent l'accumulation de faits alarmants
qui représentent une
menace fondamentale pour l'indépendance et le
pluralisme de l'information en
France. Dernier exemple emblématique, Les
Echos et la Tribune sont
transformés en enjeux d'une vaste partie de «
Monopoly » entre les
propriétaires des groupes de médias. Ces mêmes
propriétaires affichent sans
complexes leurs liens avec le pouvoir
politique. Des émissions sont
supprimées, des journalistes sont privés d'ondes
ou de faisceaux hertziens
sans que puisse être mis en cause leur travail :
fournir une information
indépendante de tous les pouvoirs quels qu'ils
soient. D'autres sont soumis
à des pressions plus ou moins subtiles pouvant
aller jusqu'au chantage à
l'emploi, dans un contexte de précarité galopante.
La liberté de la presse en danger
Rarement au cours des dernières décennies, la presse
(écrite, audiovisuelle
et multimédia) avait autant couru le risque de
devenir le vecteur d'une
pensée unique pourtant tant décriée par ceux-là
mêmes qui nous gouvernent.
Le statut collectif des journalistes,
indispensable garant de leur
indépendance, est fragilisé par une réécriture
du code du travail pourtant
annoncée comme devant être menée « à droit
constant ». Instaurée en France
par la loi du 29 juillet 1881, découlant des
libertés d'expression et d'opinion
inscrites dans notre Constitution,
consacrée par la Cour européenne des
droits de l'homme, la liberté de la
presse se trouve, sinon mise à mal, à
tout le moins en grand danger de
l'être. Alors que de profondes mutations,
tant technologiques qu'économiques
et sociales, sont en marche ou annoncées,
plus que jamais la nécessité d'une
presse indépendante et de qualité se fait
ressentir pour éclairer nos
citoyens sur les choix qui engagent l'avenir de
la société. Plus que jamais
les journalistes doivent pouvoir être en mesure
d'offrir à leurs lecteurs
une information libre et plurielle sans laquelle
le fonctionnement
démocratique d'une nation serait menacé.
Face à cette situation, et parce
qu'ils sont statutairement et par vocation
chargés de la défense des «
intérêts matériels et moraux tant collectifs qu'individuels
» [1] de leur
profession, les syndicats de journalistes - SNJ, SNJ-CGT,
SGJ-FO, SPC
CFE-CGC, USJ-CFDT, CFTC - ont décidé d'unir leurs forces pour
que soient
réaffirmés et reconnus par la loi les principes qui président à l'exercice
de ce métier. Ils interpellent les responsables politiques afin que soit
garanti un cadre légal assurant le respect des règles déontologiques de leur
profession, pour affranchir les journalistes de la contrainte du profit à
n'importe
quel prix, credo d'un système qui exige de fournir une information
toujours
plus aseptisée, et au final vide de tout sens critique. Ils
militeront
ensemble pour que les principes professionnels et éthiques
deviennent
juridiquement opposables, via le rattachement des chartes des
droits et
devoirs des journalistes à leur convention collective ; pour que
l'indépendance
des rédactions soit juridiquement reconnue et pour que
l'intégralité de leur
statut soit réinscrite dans la partie législative du
Code du travail. Ce
sont là les instruments juridiques indispensables pour
garantir à la presse
sa liberté et son indépendance.
Initiatives fortes
Sollicitée à plusieurs reprises pour un rendez-vous depuis la
mi-mai,
Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication n'a
toujours pas reçu les représentants des 38 000 journalistes pour faire un
tour d'horizon de la situation. Publiquement, les syndicats de journalistes
renouvellent leur demande d'une rencontre urgente.
Le citoyen
(lecteur, auditeur, téléspectateur) a droit à des débats clairs
et
compréhensibles. Il a droit, pour se faire une opinion, comprendre et
agir
sur le monde qui l'entoure, à une information de qualité, vérifiée et
mise
en perspective. Une information libre et indépendante de tous les
pouvoirs
quels qu'ils soient, est la marque d'une démocratie qui se porte
bien. Pour
porter ces enjeux, les syndicats de journalistes lanceront des
initiatives
publiques d'envergure à l'automne à Paris et en régions.
Mercredi 11
Juillet 2007
SNJ, SNJ-CGT, SGJ-FO, SPC CFE-CGC, USJ-CFDT,
CFTC
*********************************************