Vincent Peillon dans l'Express
Propos recueillis par Marcelo Wesfreid,
A moins de trois semaines du dépôt des motions pour le congrès, le député européen Vincent Peillon, bras droit de Ségolène Royal*, durcit le ton contre Bertrand Delanoë et Martine Aubry.
Pourquoi les socialistes - ils l'ont montré à La Rochelle - ne savent-ils plus parler entre eux?
C'est
dommage, car, en réalité, des milliers de militants ont travaillé sur
le fond. Mais les journaux rapportent les dissensions lamentables entre
quelques irresponsables. A l'ère de la communication, nous devrons
revoir nos façons de travailler. Ces procédures de congrès où l'on
étale les arrière-cuisines pendant des mois devant des Français effarés
ne conviennent plus. Déjà, lors des primaires, nous avions commis la
même erreur. Et, si l'on compare avec les primaires américaines, on
attend toujours un discours des battus qui ait l'élégance de celui de
Hillary Clinton!
REUTERS/Gonzalo Fuentes
Proche de Ségolène Royal, Vincent Peillon critique les "dissensions lamentables entre quelques irresponsables"...
Ces querelles ont-elles clarifié les forces en présence?
La
famille strauss-kahnienne est apparue divisée entre les amis de Pierre
Moscovici et ceux de Jean-Christophe Cambadélis, qui se sont rangés
derrière Martine Aubry. Parallèlement, la maire de Lille a opéré un
rapprochement avec Laurent Fabius, ce qui est pour le moins paradoxal
quand on connaît son parcours politique. Et contradictoire, puisqu'il
s'agit pour les promoteurs de cette alliance de mettre en avant une
personnalité non-présidentiable. Or Aubry est une présidentiable.
Quelle clarté !
Sur quel affrontement va se jouer le congrès?
Les militants choisiront entre les tenants de l'ancien et ceux du nouveau, entre ce qui doit disparaître et ce qui doit naître.
Martine Aubry reproche à Ségolène Royal de ne pas vouloir travailler collectivement et de se lancer seule dans la course...
Martine
Aubry devrait s'abstenir de tout jugement sur ses amis socialistes.
Elle aurait beaucoup à apprendre sur ce sujet de Ségolène Royal, qui
n'a jamais émis un jugement désagréable sur elle. Jouer au pion n'est
pas du niveau d'un responsable politique !
Excluez-vous de vous rapprocher de Bertrand Delanoë?
C'est
à lui qu'il faut poser la question. Dans sa déclaration de candidature,
il fait la liste de ceux avec qui il veut travailler. Sans citer
Ségolène Royal. Pourquoi ? Parce qu'elle a recueilli 17 millions de
voix ? Si le seul problème est celui des alliances avec le MoDem,
l'argument est faible, car Bertrand Delanoë fait bien équipe avec
Michel Destot, le maire de Grenoble, et d'autres, qui ont fait alliance
au premier tour aux municipales. Nous n'avons, nous, aucune exclusive
dès lors qu'on partage la même ambition de travail et de rénovation !
* Vincent Peillon publie La Révolution française n'est pas terminée (Seuil).